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jeudi 11 octobre 2012

Ici ça va

Chez tous les écrivains, chez tous les peintres, chez tous les photographes c'est pareil, il y a une certaine fascination pour la nuit. Qu'on s'y confronte jusqu'à ce qu'elle nous use ou qu'on la défie d'un réveil aux aurores, il s'agit toujours de trouver cette interstice de temps où le monde n'est pas encore et où l'on peut se reposer un peu, observer. Souffler. Ma nuit n'est pas encore définie, toutes les nuits me plaisent. J'ai peut être au fond une préférence pour l'aube et pour son silence métallique mais mon rythme, ma géolocalisation et mes attaches socioprofessionnelles font que je me confronte souvent au petit matin en fin de journée. C'est comme ça. Ça changera.

Thomas Vinau lui, j'en suis sûre, est de l'aube. Il ne lutte pas vainement contre le temps, il l'attend. Il est là, prêt à le cueillir tous les matins avec sa plume précise. Ensuite il en redistribue des éclats sur son merveilleux blog, histoire qu'on crève pas de faim. C'est sympa de sa part. Vraiment. Et on en redemande tous les matins. Mais maintenant, il y a mieux. Maintenant il y a qu'il est pote avec les chics types d'Alma. Qu'ils ont des affinités bien compréhensibles. Que grâce à ces affinités, mes étagères se remplissent d'objets signés de son nom. Il y avait nos cheveux blanchiront avec nos yeux l'année dernière. Cette année c'est ici ça va. L'année dernière c'était bleu ciel sur fond blanc. Cette année c'est du jaune éclatant. L'année dernière c'était sur le voyage au bout du monde et le retour, l'amour, l'enfant, la vie. L'année dernière c'était ce qu'on appelle un premier roman, celui qu'est sensé tout dire là comme ça parce que c'est le premier et que c'est important. L'année dernière c'était déjà un baume au coeur, un souffle nouveau. Quelque chose de fort et de doux. Un truc rare, un truc qui m'avait fait penser qu'on découvrait peut être enfin le nouvel homme. Une histoire de virilité. L'année dernière je me disais que quand j'aurais digéré toute mon acidité je ferais comme lui, je sonnerai juste et bon et beau comme l'aurore. Et puis le temps est passé, j'ai continué à sonner faux de mon côté et à lire ses poésies belles et parfois cruelles. Je n'ai pas oublié le roman qu'était juste. J'ai recommencé à fricoter avec Vian et toute la Beat Generation juste comme ça pour le plaisir. Puis cet été, quand j'étais au plus mal, au plus risqué, au plus périlleux moment de ma vie, Thomas Vinau m'a envoyé ses petits papiers comme il le fait toujours. Il doit savoir que quand tout est noir dedans il n'y a que les caractères d'imprimerie qui sont à même de vous nettoyer. Toujours est-il qu'il ne faut pas résumer ce geste à un simple courrier. Encore moins faudrait-il le voir comme un élan promotionnel. Il s'agit au contraire de la plus pure générosité, celle du passeur de mots. Et, en ce qui concerne Thomas Vinau, c'est une générosité que je bénis. 

Ici ça va. Le titre. Quand j'ai vu le titre qui me disait qu'ici, ça allait, j'ai presque pleuré. J'ai presque pleuré parce que c'était comme une question qu'il m'aurait posée et j'ai presque pleuré parce que cette question était précisément celle qu'il fallait me poser - que cette question était la réponse que je voulais donner. La question qu'on devrait tous se poser quand on s'aime un minimum. Comment fait-on pour trouver des titres moi j'en sais rien. Toujours est-il que ces quelques mots sur cette jaquette blanche ça te prend au niveau de la gorge et ça te serre. T'es là, ton miroir intérieur à la main et tu te dis ouais, c'est fort un homme qui a traversé le désert. Ensuite les mots, derrière la couverture. L'amour de sa vie. La maison de son enfance et son frère. L'eau, personnage récurrent qui nettoie mais qui retient aussi. Qui reflète, qui rafraîchit. Thomas Vinau ses poèmes ont parfois des restes de charbon sur les babines et on sait qu'il revient de loin quand on les lit. On se sent un peu complices. Dans ses romans c'est différent. Dans ses romans on voit quelque chose de plus apaisé et de plus sage, au sens profond. C'est presque thérapeutique pour le lecteur. C'est comme une défense vigoureuse et honnête, sans hésitation aucune, d'un bonheur possible. De la sueur et du sang froid. Beaucoup d'amour. Un peu de confiture et un chien. Thomas Vinau en est à son deuxième roman chez Alma. Il y a aussi un truc sur Hopper mais on va pas t'en parler là ça ferait beaucoup de choses à saisir alors que ce qu'il faut retenir c'est que quelque part une maison, un matin, un chien et une plume sont aux aguets. Rien que pour toi. 




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